LA CRISE DU PANGOLIN

Nous vivons à l’évidence une crise sans précédent. Le fléau du coronavirus bouleverse nos vies et nos esprits. Il nous a révélé le défaut, du moins partiel, de maitrise de ce que nous croyions contrôler.

L’être humain redécouvre qu’il peut être menacé à grande échelle par un virus, plus petite forme vivante, utilisant les cellules d’autres êtres vivants pour se multiplier.

Il serait normal de penser, avec l’apparition de cette tragédie, que nos horizons soient obscurcis. Au contraire, nombreux sont ceux qui profitent de ce moment, de cette bulle de temps pour réfléchir au monde d’après.
La crise sanitaire actuelle, qui sera suivie, à n’en pas douter, d’une crise économique (Selon la dernière enquête de la Banque de France ,l’estimation de croissance pour le premier trimestre 2020 s’établit à -6% ), interroge sur notre mode de développement, nos modes d’organisation sociale et sur le rôle des Etats et des collectivités publiques.

La rupture devra faire émerger un nouveau monde qui nous reste à inventer.

LA MONDIALISATION

Elle a instauré un dogme : tout doit fluctuer, sans répit et sans entrave. Circuler est bon.

Et puis, soudain, les rouages se grippent à cause d’un minuscule organisme vivant. Comme toutes les portes sont ouvertes, il circule, tirant sa force de sa propagation rapide. Dans un milieu naturel isolé, il serait inaperçu, comme tant d’autres organismes qui les peuplent. Mais dans un espace entièrement humanisé mais ouvert aux quatre vents, il crée un séisme socio-politique. Comme le touriste, le container ou l’information, il se répand.
Il se comporte de manière rapide et toxique, à la manière d’un tweet.

Nous avons compris que le virus qui attaque les humains provient de la nature, d’un pangolin ou d’une chauve-souris qui ne demandaient qu’à rester tranquilles.
Pestes et choléra ont fauché l’humanité depuis des siècles dans une succession de désastres et de renaissances qui ont rythmés l’histoire. Mais ces maladies n’avaient pas la rapidité de propagation de la crise actuelle, liée à l’organisation globale du monde. Le virus emprunte les mêmes chemins que ceux de l’échange frénétique.
Sa propagation massive n’est pas un accident.

QUE FERONS NOUS DE CETTE EPREUVE ?

Elle nourrit des dénonciations fortes, celles des défaillances de notre modèle, liées à une inversion des priorités, privilégiant la course économique et en négligeant la santé des populations et la recherche du bonheur. Ce sont pourtant les piliers de l’humanisme.
Elle signe la fin d’un cycle ou l’on pensait que le marché, la « main invisible » d’Adam Smith, allait tout réguler.

Pour changer notre modèle d’organisation, l’une des solutions appelle le renforcement de la puissance publique qui devrait soutenir et réguler les activités stratégiques pour la vie du pays. Pensons à l’industrie du médicament ou à l’agro-alimentaire. Relocaliser des filières de production responsables écologiquement sera un véritable sujet.

Nous associons aisément crise du coronavirus et crise écologique.

L’expérience du confinement et le ralentissement considérable de l’activité nous amènent à prendre la mesure des baisses de dioxyde de carbone et des oxydes d’azote émises. Ceci est la toise des efforts à accomplir pour améliorer notre monde.

Le confinement remet en question notre relation au travail, aux autres et aux priorités de la vie. Ce temps suspendu permet d’imaginer le monde d’après qui serait fait d’empathie envers les autres et de protection de la Planète. C’est le monde de Bandol ambitions.

Docteur Philippe Lefevre
Intervenant au SAMU 83

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