Messieurs les censeurs de Bandol, bonsoir !

Les plus anciens se souviendront de l’interpellation du philosophe Maurice Clavel, dont l’un des passages de son film avait été censuré par la télévision :« Messieurs les censeurs, Bonsoir ; Le principe de toute censure est épouvantable, abominable et invivable » (décembre 1973).

L’opposition vient de vivre le même mauvais film.

Sous prétexte d’avoir livré sa tribune avec un jour de retard, le cabinet du maire de Bandol a décidé de ne pas publier la tribune de l’opposition dans le prochain numéro automnal du journal municipal, au mépris d’ailleurs du droit à l’expression des conseillers de l’opposition municipale.

Au lecteur de la prochaine Pravda municipale, nous suggérons de compléter sa lecture par cette tribune de l’opposition, ci-dessous…

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TRIBUNE DE L’OPPOSITION
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Requiem pour le cinéma à Bandol

La fermeture du cinéma Caméra est un rude coup pour les Bandolais. Car au travers des images, le cinéma fait certes voyager, mais pas que ! Le 7ème Art booste la fréquentation des territoires et donc du tourisme. Et il importe d’ailleurs pour une station classée de tourisme, comme l’est Bandol, d’être mobilisée en matière d’animation culturelle (nous renvoyons les amateurs de textes juridiques à l’article L. 133-13 du code du tourisme).

Et nous tenons à saluer l’engagement de longue date de la famille Corbelli au service des Bandolais. On sait les difficultés des petites salles relevant du cinéma indépendant : la concurrence liée notamment à l’apparition des multiplexes, la concentration des équipements dans les zones urbaines, la baisse de la fréquentation, la cherté des coûts de rénovation et de restructuration.

Pour autant, Bandol n’est pas un cas isolé. Ici ou là des collectivités confrontées aux difficultés de leurs salles de cinéma ont su réagir, et les préserver. Car des dispositifs de soutien existent.

L’intervention des collectivités territoriales dans l’activité des salles de spectacle cinématographique est en effet possible mais encadrée strictement lorsqu’il s’agit d’accorder des subventions. Les dispositions de l’article L. 2251-4 du code général des collectivités territoriales permettent aux collectivités d’accorder des subventions aux établissements de spectacle cinématographique lorsque ces derniers réalisent moins de 7500 entrées hebdomadaires, ce qui aurait mis le Caméra dans les clous pour bénéficier d’une aide publique. Une décision récente du Conseil d’Etat vient d’ailleurs de le confirmer. De plus, les collectivités peuvent accorder une exonération de la cotisation foncière des entreprises. Et une telle aide communale aurait pu être abondée par celle du conseil régional sur son programme d’aide à l’aménagement et à l’équipement des salles de cinéma pouvant couvrir jusqu’à 30 % d’un projet ou 30 % du chiffre d’affaires de l’exploitant.

Cela ne fut pas le cas à Bandol. Mais ne pleurons pas sur le lait renversé !
L’exécutif municipal expose que « la zone sera intégrée au projet de réaménagement du site » (Var-Matin du 4 septembre 2021). En clair, le devenir du site sera à la main de l’Etablissement public foncier PACA dans le cadre de son programme immobilier « Rivage » sur l’avenue du 11 novembre. On attend la suite ! De même, l’exécutif municipal indique étudier «la possibilité de racheter son matériel pour disposer d’une capacité de projection ».

Dont acte ! mais attendons de voir ce qu’il en sera concrètement !

En tout état de cause, s’avère nécessaire une concertation sur l’avenir de ce site, qui avait une vocation culturelle et qui ne peut, ex abrupto, devenir un lieu sans enjeu d’intérêt public !

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Affaire de la caisse des écoles :
l’altération de la démocratie participative à Bandol

Le 18 juin 2021, était présenté aux  membres du conseil d’administration de la caisse des écoles, le projet de changement de statut de la caisse des écoles en charge de la restauration scolaire et de la pause méridienne, par le transfert de son budget vers le budget général de la ville, au motif de l’optimisation des moyens par… la suppression d’un poste.

Après une discussion riche et fournie, les parents d’élèves (et la  conseillère municipale de l’opposition membre de ce conseil ) ont unanimement rejeté par leur vote cette proposition au double motif que cette caisse des écoles fonctionne très bien depuis très longtemps (pourquoi modifier un outil utile et efficace?), et qu’ils craignent à  juste titre d’être dissoute de fait.
En effet, en l’absence de concertation, rien ne garantit que la qualité, notamment des repas des enfants, sera maintenue sans maîtrise concertée des aspects financiers.

Non satisfaite de ce vote pourtant formel, la majorité  municipale passe en force et  impose  par le conseil municipal cette décision de transfert du budget, annonçant la disparition à court terme de la caisse des écoles, contre l’avis général des parents d’élèves (et de l’opposition), au motif exprimé par le maire lui-même de l’incompréhension de ces mêmes parents.

Face à un tel comportement il est autorisé de douter de la réalité de la force de proposition annoncée des parents d’élèves, il est aussi autorisé de s’interroger sur la valeur du Vote dans le monde de M. Joseph…

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