CORONAVIRUS- PHILIPPE LEFEVRE, URGENTISTE, AMI ET COLISTIER DE MARC BAYLE, TEMOIGNE

VIVRE L’EVENEMENT : LE CORONAVIRUS

Il est dans la nature de l’homme d’endurer patiemment la nature des choses écrivait Jean-Jacques Rousseau. 

Je suis médecin généraliste, installé à Bandol, et je travaille aussi au centre de régulation du Samu du Var. Ce qui me donne des angles de vue différents au sujet de ce qui nous préoccupe tous en ce moment : la grave épidémie, celle du coronavirus. 

Le coronavirus n’a pas de morale, pas de projet politique, pas d’intention maléfique. Il est simplement une forme de vie qui cherche un chemin pour se développer. 

L’observation de l’épidémie, quand on est médecin de ville, montre qu’un grand nombre de patients développent des formes bénignes. Ces signes peu sévères sont le plus souvent portés par des sujets jeunes. Il s’agit d’une association de toux, de fièvre, de courbatures, de troubles digestifs.

Il n’en est pas de même à l’hôpital où les patients plus atteints sont transportés pour qu’une évaluation et un test de confirmation soient effectués. J’ai été frappé par la violence et la rapidité de la réaction hyper immunitaire qui, chez les patients graves, flambe leurs poumons en quelques heures ou jours. 

LES GESTES-BARRIERE ET LA PROTECTION 

Les gestes-barrière qui nous ont été montrés et répétés de si nombreuses fois prennent à la lumière de cette expérience tout leur sens. Ne pas transmettre passe par la distanciation sociale, le port des masques et le lavage des mains. 

J’ai d’ailleurs eu la chance de pouvoir distribuer aux professionnels de santé de Bandol une grande quantité de masques qui ont été offerts par la communauté d’agglomération du Sud-Sainte-Baume.
Ce geste a-t-il permis d’épargner quelqu’un ? 

La plupart des virus ont une origine très ancienne et circulent dans les circuits de nos échanges mondialisés. Anciennement captifs de la faune ou la flore, ils étaient restés longtemps isolés. La déforestation, l’intégration d’espèces dans nos échanges commerciaux ont contribué à disséminer ce type de virus.
Ensuite, en passant d’une espèce à l’autre par le biais de mutations génétiques, ils finissent par franchir la barrière humaine. 

LA PANDEMIE ACTUELLE, QUE NOUS DEVONS AFFRONTER, FAIT PARTIE INTEGRANTE DE LA CRISE ECOLOGIQUE.

C’est donc la transformation de la nature par l’activité humaine qui déclenche les mutations, conduisant à la création de nouveaux virus, mutations qui n’avaient pas lieu d’être auparavant. La pandémie actuelle, que nous devons affronter, fait partie intégrante de la crise écologique. 

Il est possible que l’espoir vienne de nos jeunes. Une partie de la population ayant acquis des anticorps, une immunité de groupe va naitre et protéger la population toute entière ; y compris les plus âgés. Est-ce que c’est ce qui s’est passé en Chine ?
La disparition soudaine de l’épidémie ne peut être seulement liée aux mesures drastiques prises par les autorités. L’espoir de voir disparaitre la crise brutalement est réel. 

En attendant, il faut s’investir pour atténuer les effets catastrophiques de ce virus à l’échelon individuel. Travailler en groupe, s’organiser, diminuer les effets de l’infection, tel est mon objectif pour le moment. Il y aura des leçons à tirer. Notre impact environnemental devra être diminué. 

Sera-t-il encore une bonne option que de bétonner le bord de mer ? En attendant, notre temps libre nous permettra de relire « La peste » de Camus. La palette des réactions humaines face à un confinement y est tellement bien exposée. 

Docteur Philippe Lefevre
Médecin généraliste à Bandol
Intervenant au Samu du Var

Partagez si vous aimez